La pauvreté des allocataires en Île-de-France de 2013 à 2017

Ce dossier d'étude de la ctrad analyse notamment l'évolution de leur précarité, leurs profils et l'impact de la prime d’activité sur leur quotidien.
Date : 12 octobre 2020
Auteur : Communication caf94
Actualités
Screenshot-2020-10-12 Ctrad Cellule technique de réflexion et d'aide à la décision

Divers questionnements ont guidé la rédaction de l’étude relative à l’évolution de la pauvreté des foyers allocataires en Île-de-France entre 2013 et 2017 : « combien dénombre-t-on d’allocataires pauvres en Île-de-France ? Comment leur nombre a-t-il évolué entre 2013 et 2017 ? Cette période a-t-elle été marquée par un évènement influençant le taux de pauvreté ? » Ces questions invitent à une réflexion mettant notamment en exergue de nouveaux profils d’allocataires franciliens vulnérables.

Un premier constat montre certes une progression du nombre d’allocataires vivant sous le seuil de pauvreté, soit 76 000 foyers allocataires en plus, entre 2013 et 2017 (+ 1,1 point au niveau régional). Cependant, cette augmentation ne s’est pas inscrite dans la régularité. En effet, l’identification d’une croissance significative du nombre d’allocataires à bas revenus, à mi-parcours de la période étudiée, a nécessité une analyse plus approfondie de l’impact de la mise en place de la prime d’activité sur le public bénéficiaire, à compter du 1er janvier 2016.

En premier lieu, l’examen de l’évolution de la pauvreté des allocataires sur la période étudiée fait apparaître une réelle disparité de la répartition territoriale des 760 000 foyers allocataires à bas revenus en Île-de-France (cf figure ci-dessous). Ainsi, même si les territoires de la grande couronne ne concentrent qu’un peu plus d’un tiers des allocataires à bas revenus, ce sont ces territoires qui ont connu la plus forte évolution de ce nombre.

 

Figure – Évolution et taux d’allocataires à bas revenus des départements d’Île-de-France, et moyenne régionale

Source : caisses d’allocations familiales d’Île-de-France, décembre 2013 et 2017

Lecture : en Essonne, en 2017, la population allocataire à bas revenus s’élève à 15,5 % et a évolué de 16,1 %, depuis 2013.

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Par ailleurs, la mesure de l’intensité du taux de pauvreté, calcul entre la médiane des revenus des allocataires à bas revenus et le seuil de bas revenus, apporte un nouvel éclairage quant à la dimension monétaire de la pauvreté.

Ainsi, Paris connaît une intensité de la pauvreté très élevée, de même qu’une évolution de cette intensité, la plus forte parmi l’ensemble des départements de la région. A contrario, les départements de la grande couronne présentent des profils de communes plus hétérogènes en termes d’intensité : les évolutions les plus importantes de l’intensité de la pauvreté se situant principalement dans les communes de faible densité de population.

 

Dans la seconde partie de l’étude, l’analyse des données des caisses d’allocations familiales  de la région d’Île-de-France permet d’évaluer l’évolution des fragilités économiques, en identifiant le degré de dépendance aux prestations. Ainsi, en 2017, 263 000 allocataires seraient considérés à bas revenus s’ils ne bénéficiaient pas des prestations versées par les caf ; de même, 562 000 allocataires franciliens dépendent, à au moins 50 %, des prestations sociales versées par les caf. Cette partie met en exergue la notion de seuil de vulnérabilité au regard des profils familiaux et des changements de situation familiale opérés entre 2013 et 2017.

La séparation représente un impact important sur le niveau de pauvreté. En effet, 24 % des allocataires, ayant déclaré une séparation entre 2013 et 2017, ont subi le plus souvent une dégradation importante de leur niveau de vie, passant d’un niveau de confort économique à une zone de fragilité économique, voire à une situation de bas revenus.

Enfin, l’identification, en 2016, d’un décrochage dans la courbe d’évolution de la pauvreté, permet de déterminer les caractéristiques de nouveaux allocataires pauvres, liées à la mise en œuvre de la prime d’activité.

L’observation de deux effets de ce nouveau dispositif sur quatre catégories d’allocataires ainsi que la qualification des bénéficiaires et des territoires amorcent un éclairage sur les impacts de la prime d’activité concernant le public allocataire francilien à bas revenus.

En effet, en tant que revenu complémentaire des allocataires, la prime d’activité per­met d’appréhender différemment la répartition des allocataires sur les territoires franciliens et d’identifier de nouveaux profils d’al­locataires précaires. Même si, la mesure de l’intensité de la pauvreté montrait déjà des écarts importants de revenus sur des territoires aisés ; la mise en place de la prime d’activité révèle que ces mêmes territoires sont plus concernés par cette nouvelle population allocataire, de surcroît celle à bas revenus.

Avec une nouvelle ouverture de droit, les personnes isolées et les couples sans enfant se dé­marquent significativement sur des territoires, auparavant, relativement éloignés des questions de pauvreté. En effet, le béné­fice de la prime d’activité permet à ces personnes, nouvellement connues des caisses d’allocations familiales, de faire valoir de nouveaux droits aux prestations au-delà de la prime d’activité, alors que les familles mo­noparentales ou biparentales sont déjà majoritairement allocataires.

La prime d’activité permet donc au-delà de lutter contre la pauvreté, d’ouvrir le champ des prestations sociales à des foyers dont le seul travail ne suffit pas à les sortir de la zone des bas revenus. Ainsi, ce dispositif, outre d’avoir permis aux an­ciens allocataires de s’élever au-dessus du seuil de bas revenus, a introduit un soutien économique en direction d’un nouveau public allocataire ayant des revenus précaires.

Cependant, cet élargissement à de nouveaux allo­cataires, travailleurs pauvres, a créé un effet fictif de nivellement par le bas, par le seul fait de l’augmen­tation du nombre d’allocataires à bas revenus. En effet, le bénéfice de ce dispositif à de nouveaux allocataires ne les extrait pas d’une zone de bas revenus, mais réduit l’écart avec le seuil de pauvreté par l’obtention d’un revenu complémentaire.

La cellule technique de réflexion et d’aide à la décision (ctrad), service d’études des caisses d’allocations familiales en Île-de-France, a tenté à travers cette étude, relative aux allocataires, d’identifier les profils d’allocataires les plus vulnérables ainsi que leur évolution sur une période de cinq années, de 2013 à 2017. Les indicateurs sociaux, retenus au titre de la pauvreté, des revenus et des minima sociaux, sont issus d’un socle commun d’un système d’information partagé entre échelons départemental et régional dans les principaux domaines d’intervention des caisses d’allocations familiales.

Les éléments contenus dans cette publication sont susceptibles d’apporter aux acteurs sociaux des clés pour qualifier leurs territoires et les inciter à aller plus loin dans la connaissance des publics allocataires pauvres. Le dossier et les données s’y référant sont consultables sur le site de la ctrad : ctrad-caf-idf.fr.

 

www.ctrad-caf-idf.fr, le nouveau site de la ctradScreenshot-2020-10-12 Ctrad Cellule technique de réflexion et d'aide à la décision

La cellule technique de recherche et d’aide à la décision (ctrad) des caisses d’allocations familiales d’île- de- France a ouvert, fin mars 2019, ce site dédié à ses publications.

Il vise à améliorer et à donner de la visibilité aux recueils de données sociales et économiques ainsi qu’aux études d’évaluation des politiques sociales réalisés par les chargés d’études de la ctrad.

Il s’agit également d’optimiser leur diffusion à un plus grand nombre de lecteurs et de mieux nous faire connaître.

Ce site permet d’une part d’effectuer des recherches croisées selon les territoires, les thématiques, le type de publication, l’année ou un mot clé, et d’autre part de télécharger les études et recueils, les tableaux de données ainsi que les cartes relatives à chaque publication.